Le lavoir de Clion
Salut,
Autrefois la lessive n'était pas pareille que maintenant. Je vais vous expliquer comment on faisait la lessive. Pour commencer, je vais vous montrer des photos du lavoir communal. C'est un endroit agréable pour aller se balader. Ensuite, nous lirons un texte qui raconte l'histoire du lavoir et la manière de faire la lessive autrefois.
Ici on appelait ça la Bughée. C'était un travail long et difficile fait par les femmes. Il fallait faire tremper le linge, on le frottait à la main énergiquement. On mettait ensuite le linge dans une lessiveuse et on le faisait bouillir. Au lavoir on rinçait la lessive, et on battait le linge. On l'essorait ensuite en le tordant. Il fallait transporter le linge qui était lourd plein d'eau. L'hiver c'était encore plus difficile à cause du froid.
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bassin du lavoir, Photo Gisèle Dubreuil |
Extrait de La Cassote n°32 de 2011- Article de Guy Bernard (Pour la traduction des textes en Saintongeais, consultez les anciens ! ou venez voir Guy au musée cet été !!!!!! En plus il vous montrera tous les outils de la lessive et vous expliquera comment ça se passait)
"Ce lavoir qui a été réhabilité et maintenant tient l’eau, nous permet de parler de lui et des autres lavoirs de chez nous.
Surtout cette année, ou nous avons reçu au niveau départemental le trophée : CLION village de pierre et d’eau. Nous n’avons pas de date précise de construction, il semble avoir été édifié au 19éme siècle. Une couverture en tôle ondulées avait été installée après la guerre 1914 1918, pour abriter les laveuses de la pluie et du soleil. Les deux murs protégeant des vents sur deux faces il restait malgré tout un fameux courant d’air. C’était moderne pour l’époque. Il joignait le moulin par la petite porte
Donc en 2002 au cours de l’été, il a été restauré par une équipe de jeunes internationaux encadrée d’une solide équipe locale. Que de bons souvenirs avec ces jeunes et de la fête qui a suivi pour se terminer à un autre lavoir comme toujours dans la convivialité et la bonne humeur.
D’ailleurs cet endroit, ce lavoir n’a-t-il pas une âme, surveillé par le clocher et gardé par la rivière, et n’a-t-il pas inspiré beaucoup de choses ?
En bas de thieu kioché,jh’en ei vu des fames v’nit lavé,avec dan la berouette piène de linghe,le gheneillon et son ballasson, le bardras é pis l’sabon. P’r venit o l’allait a la d’vallée, mais au r’tour o fallait r’monter dau linghe mouillé et la fatique p’r dessus l’marché.
Jh’ai vu des laveuses avec zeu grand d’vanteau,brailler leu mains et leu gheneuis les jhours de gran frét et otout leu z’échine piéghées et trempées p’r les martréches.
In jhour ,p’r soulagher thiellées fames, n’on m’a couéffé avec des tôles ondulées, o l’é pas qu’o l’était bia mais o fazait moins d’dégâts. Jhe me rappelle encouère de thieuques ines y a à peu prés ine cinquantaine d’années :o y avait Berthe et Léonie,Lucienne et Noémie, Henriette et Félicia et pis d’autes….
Dans thieu temps y avait pas de pollution,a peurnaient just’ in p’tit de sabon et l’produit miraquie o l’était in pougnée de terre négue de la rivière qu’a l’allian cheurhé dan l’creu d’la prée.
Jh’en ai entendut des discussions des berlandaghes,des veilles thy s’leviant la piâ et des jhénes thy s’épiraillant a chanter.Jh’ai même entendut les segréts des drolesses thy m’causiant quand o l’avait persounne,pace qu’a saviant que jhe zou répétris pas et encouére aneut jhe zou dérait pas.
Amprés jh’ai pas vu grand monde ,a part thieuques amoureux thy veniantithi s’biser en savant thy seriant pas bireuillés.Les érondes et les ortriges m’avint enchaitit et asteur jhe vouéyais pu que l’cantounié et pas bin des jhours dan l’année,et pis jhe badais.
Aneut jh’ai été réveillé p’r des droles des quates coins dau monde .Y m’avant déjhobré, enjholivé p’r peut éte ine centaine d’années.Fais jhy pas partie dau patrimoine ?
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Lavoir de Clion avant rénovation - Source site web de Clion |
Même restauré en 2002 la source qui l’alimente est trop souvent tarie ,maintenant quelque amélioration permettent de le garder en eau.
Autrefois vu ce manque d’eau,le service de remplacement était simplement quelques pierres plates et propres sur le bord de la rivière après le pont.
D’ailleurs dans notre commune ,il n’y avait pas de lavoir édifiés comme celui-ci dans tous les villages bordant la rivière que ce soit la SEUGNE ou la MAINE. Dans certains endroits les lavoirs ont été détruits par la nature ou par les hommes,n’ayant plus d’utilité avec l’arrivée des nouvelles techniques. Heureusement ,certains ont été conservés et réhabilités comme ici ou bien au MARS.Ce qui permet des journées comme aujourd’hui de se rappeller ce qui est notre patrimoine pierre et eau.Il serait encore possible d’en réparer certains ,malheureusement peu.
Peut être que le fait d’avoir le trophée :CLION VILLAGE DE PIERRE ET D’EAU créera une certaine émulation et débloquera la matière première en l’occurrence :financière et force à bras,pour arriver à certaines rénovations.
Lors des travaux d’amélioration de notre lavoir du bourg nous avions assisté à un spectacle qui racontait les histoires des laveuses avec tout le charme ‘l’émotion des qu’en dirat on .C’était les informations locales. On noumait thieu des berlandaghes de bounes fames.
Ces femmes qui lavaient et rinçaient le linge ont inspiré bon nombre de gens et je vous citerai ces quelques mots du poète MAURICE COURANT au début du livre de photos JEAN MARIE GRASSET sur les lavoirs et la bughée.
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Photo de Jean Marie Grasset |
Et ce beau linge,ô lavandière, Dont tu plonge dans la rivière
Toute la France coutumière, Ressurgit par ton âme fière,
Et la vertu de l’eau plénière, Incessamment dans la lumière
De sa virginité première.
D’ailleurs nous avions continué ce spectacle au lavoir du MARS qui lui aussi est en bon état. Il est placé sur la MAINE ,n’a pas d’abri et est bâti à trois marches. Le nombre de marches était fonction de la variation du niveau de l’eau pendant l’année. Pour la petite histoire, nous avons retrouvé les actes de construction du dit lavoir en 1859.
Le premier acte fut établit le 10 octobre 1859,et pour les locaux, nous l’avions diffusé dans les pages du petit CLIONNAIS.
Donc la construction de ces lavoirs n’était pas décidée n’importe comment. Il est bien rare que nos lavoirs n’aient pas une histoire particulière ? Ici il est adossé au moulin actuellement démonté. Il se trouve alimenté en eau par une source ; le moulin sur le bief comme toujours et ensuite la rivière. Tout cela se retrouve dans un périmètre très étroit. Quelle est la raison d’une telle promiscuité ? Nous pourrions supposer une propriété divisée par la suite.
A propos d’histoire de lavoir et de laveuses, ici l’eau qui venait de la source était très convenable, plus pure donc meilleure pour les femmes à leur ouvrage, mais elle l’était rare puisque la source tarissait et qu’il fallait aller à la rivière pour laver.
A la rivière un peu plus loin les laveuses avaient quelques pierres plates et propres pour travailler. Ceci donnait des idées à certains petits malins et farceurs de l’époque. Comme l’abattoir était proche ces jeunes galopins choisissaient leurs victimes parmi les femmes les plus acariâtres, bien sûr, et se plaisaient à graisser les pierres à laver avec du suif de mouton ou bien avec des tripes en prenant soin de laisser l’objet du délit sur place. Ou alors d’attacher la bique à Edith sous le pont en amont des laveuses. Cela faisait partie de la vie de tous les jours ou plus tôt des jeudis.
A propos des différents lavoirs ,le livre de Jean Marie GRASSET, dont je vous parlait ,mentionne une multitude de lavoirs différents en Saintonge et dans nos deux Charentes. Sur les deux rivières qui bordent CLION nous nous limitons à des ouvrages ou des restes de lavoir à plusieurs marches, qui sont utilisables en fonction du niveau de l’eau et ici c’est le seul qui reste couvert.
Il avait donc été couvert en tôles qui ont péri avec le temps pour le bien être des laveuses ; pour la commodité aussi des barres de bois étaient assemblées sur des supports en pierre de taille pour égoutter le linge, et d’une certaine façon d’isoler cette communauté de femmes.
Dans ce temps le lavoir était aussi un lieu de rencontre tout comme la forge pour les hommes ou la foire. C’était en même temps un lieu d’entr’aide car la tâche était dure et les journées longues.
Aujourd’hui il y a encore le lavoir mais il n’y a plus de laveuses.
Thieu lavouér thy a fait gueniger tant de languyes,
Thy a fait teurper tant de jhambes,
Thy a fait attraper tant de suées aux ghens thy l’avant construit et thy l’an entretenut,
Thy a fait mouiller la chemise a tant de laveuses,
Thy yeu s’a fait gheler les déts et les gheneuils belle chouses de foués
Thy a vu bin dau monde per le bireuiller
Thy a écouté le brut des osias et des bétiaires de la prée et d’aute cot le ronrounnement dau moulin
Et thy a entendut toutes les bounnes histouères et les mauvais berlandages
Et bin malgré les intempéries il est teurjhous là et jhe z y souhaitons encouère longue vie."
CLION le 18 septembre 2011 Guy BERNARD
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